La méthode de la composition d’Histoire

 

L’ampleur du travail d’apprentissage requis en histoire peut parfois faire oublier que la composition répond à une méthode bien précise, comme dans les autres matières : tout savoir ne suffit pas… mais en savoir suffisamment est nécessaire. Cet article vise donc à te montrer pas à pas, du moment de l’apprentissage de ton cours à la conclusion de ta dissertation, comment réussir une composition et une khôlle d’Histoire.

 

Avant tout, nous devons te préciser quelques points afin que tu ne te méprennes pas sur les intentions de cet article.

  • Nous partons du principe que ton professeur t’a déjà expliqué le principe de la composition dans ses grandes lignes : nous entrons donc ici directement dans les détails.
  • Cette méthode est plutôt dirigée vers la composition écrite, même si un certain nombre de remarques peuvent s’appliquer à la khôlle.
  • Ces conseils sont principalement tirés d’observations personnelles, de ce qui a fonctionné pour nous, donc ils sont à prendre avec des pincettes.
  • Cette fiche-méthode est assez touffue et difficile à assimiler : tu peux essayer de t’exercer petit à petit à appliquer ces conseils, en faisant des entraînements. Par exemple, tu peux juste faire une introduction à partir de ces tips, puis un plan un autre jour, ou alors t’entraîner à la rédaction sur une sous-partie… Vas-y à ton rythme, et consulte notre rubrique Méthodologie pour trouver des idées d’exercices à effectuer.
  • Les exemples, positifs ou négatifs, sont globalement tirés de dissertations d’hypokhâgne.

 

Les révisions

Le rythme de révision

  • C’est un lieu commun de le dire, mais il nous semble qu’apprendre au dernier moment est une très mauvaise idée : mieux vaut s’y prendre dès le début, au fur et à mesure, par petits bouts. Attention néanmoins à ne pas négliger les autres matières : le mieux est d’en faire un petit peu, mais chaque jour.
  • En plus d’apprendre les nouveaux éléments, relis les cours et/ou des ouvrages régulièrement. Tu ne révises pas que pour la prochaine dissertation, mais aussi pour les suivantes et, dès l’hypo en ce qui concerne les B/L et à partir de la khâgne en ce qui concerne les A/L, pour le concours.

Ce qu’il faut réviser

  • Lorsque les périodes étudiées sont courtes, apprendre des chronologies par cœur aide à bien structurer la composition. Lorsque les périodes sont plus longues, je conseillerais de ne pas apprendre à la suite toutes les dates, mais plutôt de mettre les dates en flashcards, de même que les chiffres, les personnages et les partis les plus importants afin d’apprendre tout cela par cœur. Pour ne pas perdre trop de temps, tu peux te mettre en duo avec quelqu’un : cette personne prend le cours sur ordinateur tandis que tu prends directement les flashcards sur Anki ou sur Excel. Il n’est en effet pas nécessaire de connaître les cours par cœur, mais il y a des éléments qu’il faut indispensablement connaître.
  • Néanmoins, pour certaines personnes, cet apprentissage par cœur à partir du cours est moins efficace que la lecture de nombreux articles et ouvrages sur le sujet. Essaye, et fais ce qui te correspond.
  • Sache en tout cas que pour réussir au mieux une composition, il faut connaître :
    1. Les faits, donc les chronologies ;
    2. L’histoire des idées, donc les personnages et leurs pensées, en relation les unes avec les autres, c’est-à-dire les débats des contemporains sur les faits ;
    3. Les débats historiographiques sur différents événements, pour pouvoir confronter les différentes thèses, c’est-à-dire les débats des historiens sur les faits et les débats des contemporains.

La manière de réviser

  • Réfléchis aux grandes tendances, aux choses qui vont ensemble, c’est ainsi que tu apprendras le mieux les choses, et non en les révisant séparément. Il faut prendre l’habitude de faire des liens et d’avoir une vision organique de l’histoire.
  • Tu peux essayer d’intéresser oralement un auditoire imaginaire en apprenant. Pour le dire plus simplement, j’avais pour habitude de réciter mon cours partie par partie à mon mur, en expliquant clairement chaque point. Cela permet, en créant des liens entre les événements en direct, de faire ressortir de toi-même, au cours de l’apprentissage de la leçon, les problématiques saillantes.

Méthode du commentaire littéraire

Faire un commentaire littéraire, que ce soit en français ou en langue étrangère, est une démarche complexe qui demande une grande capacité d’adaptation : en effet, les textes sont très variés dans leur forme et leurs objectifs. Dans cet article, je vais tenter de synthétiser tous les conseils et principes qui m’ont permis de progresser dans cet exercice.

lire plus

Conseils généraux sur la composition

  • Il faut absolument gérer son temps et préférer faire une copie un peu plus courte qu’une copie trop ambitieuse que l’on ne finit pas : il faut aussi dans l’idéal pouvoir se relire à la fin.
  • On peut être tenté d’oublier des éléments qui nous semblent évidents, mais tout doit en fait être précisé. C’est important en soi, mais cela permet également de voir si on peut relier un événement avec d’autres afin de nourrir sa réflexion et d’atteindre un semblant d’exhaustivité. À l’oral également, n’oublie pas d’être très clair et de partir du principe que ton auditeur ne sait pas tout ce que tu racontes : parle comme si tu lui donnais un cours.
  • La composition d’histoire est avant tout un exercice de nuances : rien n’est simple ou manichéen. Cela doit se sentir dans ton expression : nuance régulièrement tes propos d’une partie à l’autre, mais aussi d’une sous-partie à l’autre, et dans le corps de la sous-partie elle-même, lorsque tu ne fais pas de plan dialectique.
  • Tu peux proposer des interprétations du moment qu’elles sont justifiées, démontrées.
  • Il faut commencer par une analyse rigoureuse du sujet et des tendances qu’il peut montrer. Il faut faire d’abord un découpage chronologique en très grandes tendances, puis faire un découpage en tendances plus petites, à chaque fois en balayant tout le spectre de la période, puis en tendances plus petites, en allant vers les exemples concrets. C’est comme cela que l’on sera sûr de ne rien oublier, que l’on pourra sélectionner les éléments les plus intéressants, ne pas faire de redondances, ne pas faire de répétitions et avoir tout prêt avant de passer à la rédaction.
  • En résumé, il te faut ces ingrédients :
    1. Précision et rigueur : diminuer les passages qui s’étendent sur des faits trop peu ciblés, développer les passages qui sont des points de raisonnement importants.
    2. Conceptualisation : donner un nom à toutes les idées (souvent un nom à connaître, par exemple « nationalisme expansionniste »).
    3. Nuance : Avancer une idée formulée rigoureusement, appuyée sur des faits précis et bien choisis, puis montrer clairement ses limites.

    L’introduction

    Accroche

    Les pièges

    • Tu ne dois pas faire d’accroche sur des éléments postérieurs à la période du sujet.

    Accroches possibles

    • Pour entrer en matière, tu peux par exemple présenter la période qui précède, montrer le lien avec le sujet (donc la période qui suit), la fécondité de la période et sa densité.
    • Cela n’est pas un simple effet de style : l’accroche permet de nourrir la réflexion. Par exemple, sur le sujet « Femmes et vie privée de l’époque romantique aux années folles », faire une accroche sur l’Ancien Régime permet de montrer qu’il y a une rupture, mais que celle-ci n’est pas non plus radicale.
    • On peut également faire une accroche historiographique :

    « L’histoire, lorsqu’elle est exclusivement centrée sur la vie politique et sociale, est une histoire très majoritairement masculine et les rares grandes figures féminines qui y apparaissent ne sont guère représentatives des autres femmes. C’est lorsque l’on se penche sur l’histoire privée que les femmes prennent leur importance, jusqu’au siècle dernier du moins. » Puis passage à la définition des termes en commençant par le terme de « vie privée ».

    Analyse du sujet

    Bien comprendre le sujet

    • Il ne faut pas prendre le sujet pour celui sur lequel on espérait tomber : il faut bien analyser le sujet pour être sûr de le cerner dans la singularité. Mieux vaut manquer d’informations sur le bon sujet que faire un hors-sujet.

    Définition des termes

    • Il faut travailler sur les termes du sujet : étymologie, définitions possibles, usages possibles à l’époque mais aussi à notre époque, trouver tous les thèmes dans lesquels ils s’intègrent parfaitement.
    • Absolument tous les éléments du sujet doivent être pris en compte: s’il y a des guillemets (ils peuvent renseigner une citation, un vocabulaire de l’époque), des articles, il faut les analyser aussi.
    • À travers les mots du sujet, il faut travailler les notions qui les entourent, leurs présupposés.
    • Il faut se prêter attention à toutes les nuances dans les termes du sujet, bien analyser tous les termes sans se dire que le sens de l’un d’eux est évident, se demander toutes les différentes choses auxquelles il peut faire référence, les contradictions et les différences internes qu’il peut porter.
    • On analyse chaque terme, mais aussi les liens qu’il y a entre eux. Il faut prendre le sujet dans son ensemble et non un mot après l’autre. Dans le sujet « La Russie face à l’Europe », la conjonction « face à » montre que l’on se place du point de vue de la Russie et non dans la simple relation qui aurait été induite par un « et ».

    Autres réflexions

    • Il faut réfléchir pour chaque sujet à la manière de faire l’histoire qui correspond à l’objet étudié : par exemple, l’histoire des femmes ne pourra être la même que celle des hommes, parce que les documents ne sont pas les mêmes, les choses retenues sont beaucoup moins nombreuses. On peut commenter cela et aussi faire un point sur les sources en introduction.

    Les bornes chronologiques

    • Pour justifier les bornes chronologiques, on peut parler de la structure et de la division de la période, ses articulations majeures, comment elle fonctionne. Il faut trouver tous les liens possibles avec le sujet, qu’ils soient au milieu ou aux limites de la période.
    • Elles permettent de déployer la problématisation.

    La Problématisation

    Cheminement problématique

    • Il faut trouver les contraires du sujet ainsi que ses présupposés afin de problématiser tout au long de la copie.
    • Pour problématiser, il faut commencer par regarder le sens le plus simple, puis se poser la question de la portée des termes, de leur connotation, ce que le terme porte comme idées (aussi penser à celles qui sont moins univoques, qui peuvent justement être problématiques, variables et nuancées).
    • Il faut réfléchir aux mots dans une perspective historiques pour les élargir, complexifier les notions, problématiser (par exemple le terme post dans postrévolutionnaire peut renvoyer au concept d’héritage, que l’on peut ensuite consentir, refuser, etc.).
    • Il faut chercher des problématiques qui vont avec la polysémie des mots mais surtout les différentes problématiques historiques, les problèmes sociaux qui sont intervenus, dans leur diversité et leurs contradictions. Il faut penser le ressenti des contemporains : il peut être variable, contradictoire. Néanmoins, il faut toujours être objectif : si par exemple on veut parler des ressentis des Russes dans la deuxième moitié du XIXe siècle, on reste nuancé : la France et l’Angleterre n’ont pas littéralement trahi la Russie durant la guerre de Crimée : c’est ce que les Russes ont ressenti.

    Question problématique

    • La réponse à la problématique ne doit pas être évidente.
    • La problématique doit être générale et unifiante: elle peut traduire les mots du sujet pour montrer leur aspect problématique. Elle doit en extraire la substance contradictoire ou indéterminée qu’on pouvait ne pas avoir remarquée aux premiers abords.

    L’annonce de plan

    • On peut faire une annonce de plan simplement descriptive, sans besoin de premièrement, ensuite, etc. On fait des phrases simples et convaincantes, en reprenant l’idée la plus générale de la partie, ce qui relie tous les événements dans le sujet dans cette partie.
    • On légitime les tournants adoptés, en positionnant chaque période par rapport à l’énoncé et à la problématique.
    • Ainsi, il faut que chaque grande partie ait non seulement un intitulé chronologique (pour qu’on puisse la situer dans le temps) mais qu’elle ait aussi une orientation problématique (c’est-à-dire que dans ses tendances globales, elle doit répondre dans un sens ou dans l’autre à la problématique, sauf pour la troisième partie, qui peut parfois se placer comme une synthèse).

      Le Caravage, Saint Jérôme écrivant, ou : un khâgneux essayant de ne pas penser à la mort au bout de 5h47 de dissertation d’Histoire.

      Méthode du commentaire littéraire

      Faire un commentaire littéraire, que ce soit en français ou en langue étrangère, est une démarche complexe qui demande une grande capacité d’adaptation : en effet, les textes sont très variés dans leur forme et leurs objectifs. Dans cet article, je vais tenter de synthétiser tous les conseils et principes qui m’ont permis de progresser dans cet exercice.

      lire plus

      Méthode de la dissertation de philosophie

      La dissertation de philosophie est peut-être celle qui pose le plus de problèmes de méthode en général. En effet, c’est souvent ce que les professeurs déplorent à chaque correction : les élèves n’ont pas su faire de bonnes problématiques, n’ont pas su analyser les exemples, ont mal construit le plan, mal géré les transitions, etc.

      lire plus

      La spé Lettres modernes pour Lyon (LSH)

      Cet article de Louis, qui a intégré l’ENS de Lyon en spécialité Lettres modernes, présente l’organisation de cette matière et te donne des conseils pour bien travailler pendant l’année.

      lire plus

      La L3 d’histoire

      Tu arrives à la fin de la prépa, et tu ne peux plus repousser le choix davantage : tu dois te spécialiser. Tu te demandes si c’est l’histoire qui est faite pour toi ? Tu es au bon endroit.

      lire plus

      Reprendre sa copie, reprendre ses erreurs

      Cet article est pour toi qui a tendance à oublier ta dernière copie pour te concentrer sur la suivante, mais il sera également très utile si tu te demandes comment ne plus refaire les mêmes erreurs ou comment tirer parti des corrections des professeurs.

      lire plus

      Le développement

      La structure

      Le plan

      • Pour faire le plan, on peut voir la période comme un plan dialectique:
        1. Sachant qu’une période commence toujours par quelque chose, on peut la considérer comme la thèse.
        2. Ensuite, comme elle change toujours pour arriver dans une deuxième dynamique, on peut considérer que c’est une antithèse (elle peut aussi refuser son passé).
        3. La troisième partie de la période arrivera aussi chronologiquement après, mais elle pourra cumuler l’héritage des deux précédentes, avec une nécessité d’en faire une synthèse, de reprendre les divers éléments. Il faut donc construire cette 3e partie en se disant qu’elle entre quand même dans la lignée des 2 autres, même si elle garde bien sûr son propre déroulement.
      • La 3e partie peut également former une forme de bilan tout en demeurant chronologique.
      • Attention : à l’oral, les plans chronologiques ne sont pas toujours nécessaires, notamment quand il s’agit d’une période courte. À l’écrit, ils sont presque toujours préférés, sauf pour certains types de sujets, dont le plus courant est le sujet-bilan. Dans le cas des sujets-bilans, comme « L’empire russe à la fin du XIXe siècle : entre Orient et Occident », il faut situer à la fin de toutes les évolutions vues en cours, à leur aboutissement. Un plan chronologique est alors maladroit.

      Précisions sur les structures

      • Comme on l’a dit, le mieux demeure généralement que le plan soit chronologique (un minimum). Les bornes doivent être précises et justifiées même si elles peuvent se croiser.
      • À l’intérieur des parties, néanmoins, il peut être intéressant de choisir un plan thématique, voire dialectique, tout en gardant une certaine chronologie dans les sous-parties. En fait, on essaie globalement de jongler entre les grands concepts et thèmes historiques, et la chronologie.
      • Comme dit plus haut, la nuance est première : ne pas hésiter à mettre beaucoup d’éléments qui nuancent le propos, même dans des sous-parties qui pourraient globalement aller dans le sens du sujet.
      • On doit donner l’impression de choisir complètement les sous-parties en fonction du sujet et pas de la période. Il faut que la sous-partie possède une unité qui soit tirée du sujet et qu’on le fasse sentir au correcteur.
      • Afin de garder la nuance, à la fin de chaque sous-partie, on peut remettre en cause la généralisation que l’on a adoptée.

      Idée de structure

      • Pour structurer son discours, que ce soit en khôlle, en exposé ou en dissertation, on peut faire ainsi :
        1. Présentation de la tendance générale: donner une idée sur l’histoire, sur la période, sur la chose ;
        2. Présentation du fait qui justifie cette tendance;
        3. Présentation d’un point de comparaison pour prouver que le fait entre dans la tendance;
        4. Synthèse en fonction de la problématique: voir comment les fait et l’idée aident à mieux comprendre la problématique, peuvent y donner une réponse ;
        5. Transition vers une autre tendance, une autre idée à partir de ce qu’il reste à voir pour compléter la réponse à la problématique, pour explorer des problèmes qui subsistent ou interviennent.
      • Exemple :
        1. Phénomène yéyé : reprise de tubes américains ;
        2. Johnny qui reprend The house of the Rising sun pour en faire Le pénitencier ;
        3. Point de comparaison : trouver un artiste qui fait exception en faisant ses propres chansons mais montrer qu’il est seul ;
        4. Donc la culture de masse se fait internationale, l’affirmation de l’identité peut se faire en reprenant celle des autres, dans une volonté de distinction plus ou moins artificielle ;
        5. Mais ensuite résurgence de la composition bien française dans le rock (transition vers une autre séquence).

      Le contenu

      Une copie complète et incarnée

      • Les dates doivent être nombreuses et précises: il faut rendre vivant et nourrir la réflexion pour éveiller l’intérêt du lecteur et pour permettre aux interprétations de ne pas être arbitraires.
      • On peut parler de la vie des contemporains et des hommes célèbres qui ont vécu pendant la période. On s’interroge sur le vécu des contemporains.
      • Il faut penser, pour remplir les sous-parties, à tous les aspects de l’histoire: économie, société, incarnation dans des personnalités, légende, rumeurs, volontés historiques, législation, références au passé, relations avec l’étranger, expérience des populations, différences entre les « classes », art, idées.
      • Les rumeurs, surnoms, citations donnent beaucoup d’information sur la réception de l’histoire dans le peuple et les populations silencieuses et permettent de rendre la copie vivante.
      • Les exemples littéraires, artistiques permettent d’aller au cœur du vécu des contemporains et de rendre la réflexion vivante.
      • Il faut toujours séparer dans son esprit les lois et leurs applications: il faut toujours se demander si elles sont appliquées ou pas, si elles n’essaient pas de s’imposer dans une société qui ne les utilise pas.

      La hiérarchisation du contenu

      • Il faut éviter les oublis trop importants : le plus évident doit absolument être mentionné, on va dans les détails par la suite. Il en va de même pour les figures historiques, qui doivent absolument être mentionnés quand elles ont participé à un événement, et être développées précisément. Les événements importants doivent donc être très développés (exemple : le régicide pour la Révolution) et intégrés à la réflexion.
      • Ne pas hésiter à faire de plus longues parties sur les événements les plus importants : le traitement ne doit pas être proportionnel à la durée, mais à l’intérêt des périodes.
      • Le contenu, les événements sont prépondérants, mais on soulève aussi les paradoxes qu’ils contiennent, leurs difficultés, leurs nuances. On n’est jamais seulement descriptif.

      Autres remarques sur la rédaction

      • L’argumentation doit être bien charpentée à plusieurs niveaux :
        1. Au niveau de la présentation de l’argumentation qui va suivre, en introduction ;
        2. Au niveau du plan :
          • Les trois parties doivent être organiques et toutes doivent se justifier parfaitement au niveau du sujet et de la problématique ;
          • Les sous-parties doivent être amplement réfléchies : si on gère bien le temps, on peut, avant de commencer chaque partie, réfléchir quelques instants pour bien vérifier que nos sous parties se justifient toutes une à une et qu’elles sont bien agencées entre elles ;
        3. Au niveau de la rédaction du corps de chaque sous-partie : de même, il est possible de s’arrêter quelques instants avant chaque sous-partie afin de réfléchir à la façon dont les informations vont être agencées dedans, à la formulation, et surtout aux justifications, à l’argumentation.
      • Dans cette idée, il faut toujours garder un temps important de rédaction pour éviter d’être elliptique. Les arguments doivent être clairs, bien agencés.
      • Il ne s’agit pas seulement de raconter : il s’agit d’argumenter. En ce sens, tous les faits racontés doivent être clairement et rapidement reliés au sujet. Tous les faits sont reliés à des idées et ne sont pas racontées sans raison.
      • Pour autant, il ne faut pas être trop conceptuel et se raccrocher à des faits.
      • Les citations sont bienvenues pour étayer le propos.
      • Attention aux liens logiques qui doivent être clairs et réfléchis ; sinon, on risque de faire des liens qui n’ont aucun sens.

      La réflexion

      • Tu peux contester le sujet dans une partie ou sous-partie. Cette contestation doit être construite à partir de celui-ci : on ne peut pas directement renverser le sujet comme on le veut. Il faut bien prendre en compte tous les termes du sujet et regarder si la contestation et les idées de partie que l’on construit sont vraiment cohérentes.
      • Il faut faire attention aux conclusions trop hâtives : pas de jugement, pas d’évidence, et beaucoup de nuance.
      • Ne pas faire d’affirmations péremptoires pour justifier son propos : toujours se demander sur quoi l’on fonde tout ce que l’on dit. Exemple : « Les adversaires de la Révolution disparaissent quand elle se termine avec Napoléon. » Mais peut-on réellement dire qu’elle se termine avec Napoléon ?
      • Il faut avoir un discours extrêmement précis et historique : ne pas parler de tendance sans montrer au moins les principaux événements qui la composent.
      • Il faut réfléchir aux tendances internes aux sous-périodes, à ce que la grande tendance signifie comme petites tendances, comme aspects, qui pourront ensuite s’incarner dans une multitude d’exemples.
      • Pour nuancer, on peut se demander si ce qu’on étudie a eu un précédent. De manière générale, il faut essayer de donner des points de comparaison pour analyser.

      Le style et les termes

      Le style

      • L’histoire demeure une narration, il faut que ce soit agréable à lire. Mais c’est également, et avant tout, un travail d’argumentation : tout ce qui est narré doit être relié au sujet, réfléchi, problématisé. Il faut donc avoir une idée directrice dans chaque partie, chaque sous-partie, pour ne pas se perdre dans des détails.
      • Les effets de style, quand ils ne sont pas lourds et qu’ils servent la réflexion, peuvent être valorisés. On peut même filer des métaphores et des comparaisons (quand elles sont de bon goût), avoir des petites formulations frappantes.
      • Il faut avoir une rédaction enlevée, sans faire comme si on suivait un plan : enchaîner les phrases de manière naturelle et éviter les longueurs inutiles.
      • Il faut rester très attentif à sa clarté et ne pas tomber dans la pédanterie.
      • L’écriture est toujours au service du propos. Une formule bien tournée n’a d’intérêt que si son propos est fin, rigoureux et pertinent ; autrement, elle agace. La réflexion ne doit jamais être sacrifiée au lyrisme.

      Les pièges et le choix des mots

      • Les mots, comme en philosophie (mais c’est un peu moins rigide quand même), ne peuvent pas être utilisés au hasard : on s’interroge sur le sens précis qu’on veut leur donner, et aussi sur leur nuance d’intensité.
      • Il ne faut surtout pas écrire (ou parler, en khôlle) au futur comme on l’entend dans des reportages. Exemple : « Le peuple parisien va alors se lever contre Louis-Philippe et la monarchie de Juillet va être remplacée par la IIe République dès la fin du mois de février. » Il s’agit d’un tic particulièrement mal vu par les profs d’histoire : utilise donc un bon vieux présent.
      • Il faut éviter les répétitions de mots et de structures.
      • Les adverbes modalisateurs ne sont pas mis au hasard mais servent le propos. Il faut faire attention aux mots qui semblent apporter des nuances comme « certains », « véritables » : quand on a envie de les utiliser, il faut toujours se demander pourquoi on le fait et si c’est réellement légitime (cela cache souvent le fait que l’on n’est pas très sûr de ce que l’on avance).
      • L’argumentation nécessite des mots clairs, précis et forts pour éviter d’être vague : dire que la politique extérieure de la Russie est « partagée » n’est pas assez précis : elle est « tiraillée », par exemple, c’est-à-dire qu’il y a une tension.
      • On utilise des notions précises. Par exemple, si on a un sujet sur la Russie et son expansion en Extrême-Orient :
        • On ne peut pas utiliser la notion de « Grand-jeu » car c’est une notion précise qui ne s’applique que pour l’Asie centrale ;
        • On ne peut pas dire que la Russie bat la Chine, parce qu’elle ne lui fait pas la guerre : elle profite de sa faiblesse pour signer des traités à son avantage.
      • Il faut faire très attention aux termes très généraux dont la définition peut varier selon les époques et les contextes. Ne pas les utiliser pour faire des généralisations hâtives.
      • Il faut définir tous les termes qu’on utilise afin d’éviter d’être allusif.

      À garder en tête

      • Il faut toujours se poser des questions sur les conséquences des événements, sur les acteurs, sur ce que l’on connaît, ce que l’on ne connaît pas et ce que l’on ne peut pas connaître. Il faut se demander quels sont les buts des actions (parfois on ne peut pas du tout savoir mais la question est intéressante en elle-même), ou leurs conséquences.
      • En début de partie, on peut justifier le rattachement de la partie avec le sujet, en donnant des exemples et des tendances qui le montrent plus ou moins rapidement. Cela peut faire office d’introduction à la période, pour montrer son début chronologique, comment elle désire se définir. On peut aussi y montrer les nouveaux sens que peuvent prendre les termes du sujet, les réponses que la nouvelle période essaie d’apporter aux problèmes de ce dernier.

      Les moments stratégiques et les transitions

      • À chaque fin de sous partie, ou à chaque moment stratégique, il faut apporter des éléments explicites de réponse au sujet, en le citant ou en utilisant un champ lexical dérivé pertinent et fécond pour la réflexion. Cette réponse doit être précise et nuancée, pour montrer et souligner tout l’intérêt conceptuel de ce que l’on vient de dire.
      • Pour faire la transition, il faut résumer le rapport de la période que l’on vient de conclure avec le sujet en considérant peut-être un point un peu plus précis et pas trop abordé qui puisse donner l’impression de ne pas trop se répéter. La transition doit ensuite introduire chronologiquement (en présentant un peu l’événement charnière) la période (partie) suivante en montrant de quelle façon le problème du sujet continue (d’une autre façon peut-être mais toujours problématique). Il faut montrer que la période suivante n’arrive pas à résoudre le problème, même si elle cherche à lui apporter une autre réponse.
      • Pour faire une transition, il faut voir les problèmes qui restent à la fin d’une période, et qui doivent être résolus dans la suivante, et qui pourront potentiellement l’être. Il faut bien sûr reprendre ce que l’on a dit plus tôt pour voir ce qui a été travaillé et voir ce qui reste problématique.

      La conclusion

      • Pour rédiger la conclusion, on peut chercher de très grandes tendances et trouver des axes différents d’interprétation. On peut aussi parler des écueils de l’étude de la période et du sujet, de la difficulté de la période. On peut trouver des symboliques et des liens intéressants avec les périodes suivantes.
      • On peut finir par l’évocation des grandes problématiques qui restent à régler sur le sujet et commencer à mentionner les réponses qui vont être apportées avec plus ou moins de succès.

       

      Exemple : En quoi les régimes s’étendant de Napoléon Ier à Louis-Philippe peuvent-ils être qualifiés de « postrévolutionnaires » ?

      « Les différents régimes de cette première moitié du XIXe siècle ont tous cherché à s’inscrire dans la continuité d’un passé : l’Ancien Régime pour la Restauration, et une Révolution bien achevée pour Napoléon et Louis-Philippe. Mais si les Bourbons ne sont pas parvenus à faire du passé leur présent, les autres régimes n’ont pas réussi à faire du présent un passé – un passé respecté, mais un passé tout de même. À tous, la Révolution s’est rappelée, à Napoléon sous la forme d’un ancien ravivé, aux autres par de nouvelles révolutions. Ainsi, peut-être cette période ne peut-elle pas être qualifiée de « postrévolutionnaire », ayant plutôt vu des émanations de la Révolution se succéder, balayées tour à tour par de nouvelles émanations. Il faudra atteindre 1880 pour que la Révolution « rentre au port », selon François Furet, et qu’une période réellement « postrévolutionnaire » puisse advenir. »

      Voilà, on espère que ces conseils pourront t’aider, et bon courage !