Reprendre sa copie, reprendre ses erreurs

  1. Travailler ses points faibles
  2. Reprendre sa copie
  3. Ecouter la correction

 

Cet article est pour toi si tu as tendance à oublier ta dernière copie pour te concentrer sur la suivante, mais il te sera également très utile si tu te demandes comment ne plus refaire les mêmes erreurs ou comment tirer parti des corrections des professeurs.

 

La prépa est sûrement l’endroit qui permet l’entraînement littéraire de la meilleure qualité grâce à la fréquence de ses devoirs sur tables, de ses exercices, mais surtout de ses corrections. Cependant,  faire ce travail ne représente en réalité que la moitié de ce qui te permettra de progresser : tout le reste se situe dans la capacité à améliorer tes compétences entre les différentes évaluations. Il ne sert en effet à rien de reproduire toujours les mêmes méthodes et les mêmes erreurs, quel que soit le nombre de devoirs accomplis. Je pense donc qu’on peut dégager un processus en 3 temps permettant de tirer parti des remarques infiniment précieuses des professeurs : prendre la correction, reprendre sa copie, et travailler sur ses points faibles. Dans un souci pédagogique, je les présenterai par ordre d’importance, inverse à l’ordre chronologique.

L’ISMAPP

Après avoir passé deux en prépa littéraire, elle présente l’école qu’elle a intégré sur concours : l’ISMAPP, ou Institut Supérieur du Management Politique et Public.

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L’EHESS

Emma, en master 1 d’études politiques à l’EHESS après trois ans de prépa littéraire au lycée Fénelon, te présente l’EHESS et les spécificités de cette école entièrement tournée vers la recherche.

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Travailler sur ses points faibles

Si l’objectif officiel de la prépa littéraire est de réussir les concours de l’ENS, cela ne doit surtout pas occulter les bénéfices plus profonds que l’on doit tirer de ces années de travail intensif. Sans avoir peur de reprendre une référence éculée, le bilan de la prépa ne se pense pas en termes d’admission ou de tête bien pleine, mais bien en termes de tête bien faite. Il ne s’agit pas seulement d’accumuler des connaissances ; il faut surtout utiliser l’apprentissage et la restitution de celles-ci pour affiner et améliorer la manière dont on pense. Et dans ce cadre, l’exercice qui reflète le mieux la manière dont on pense, c’est la dissertation*. * Il convient ici de préciser que la dissertation n’est à mon avis pas du tout l’archétype du penser bien formé. C’est simplement un outil extrêmement précieux pour apprendre à comparer, préciser, argumenter en faveur d’idées, ce qui sera utile dans de nombreux domaines.

Cela étant dit, on comprend bien que travailler ses points faibles dans les exercices n’est pas un simple conseil « stratégique », au sens de quelque chose qui nous donnerait un savoir qui servant seulement à se démarquer au sein de la compétition du concours. Au contraire, ce qu’il faut à mon avis retenir, c’est que les erreurs faites dans les exercices sont des indices de notre manque de maîtrise dans certaines disciplines : les corriger nous permet donc d’améliorer l’intégralité de notre approche.

Mais comment procéder concrètement pour corriger nos faiblesses ? En s’entraînant de manière ciblée et régulière. Ciblée, car il faut savoir précisément le point méthodologique que l’on veut travailler pour que ce soit efficace et qu’on puisse remarquer des progrès. Régulière, car une bonne habitude (puisque c’est bien de cela qu’on parle) ne peut s’acquérir qu’en pratiquant un certain nombre de fois afin de vérifier que les principes sont bien assimilés et que l’on n’est pas désarçonné par les variations intrinsèques de l’exercice dissertatif. En réalité, la maxime très simple que l’on peut garder à l’esprit est de travailler une erreur spécifique jusqu’à ce qu’on soit certain de ne pas la refaire en épreuve. Pour certains élèves , cela prendra un ou deux entraînements ciblés, davantage pour d’autres. Cet exercice peut donc sembler difficile et inhabituel, mais c’est à ma connaissance la manière la plus efficace de progresser (on peut même être surpris par la rapidité de nos améliorations si on s’efforce de travailler chaque erreur systématiquement).

Antonio Tempesta, Hercule et l’Hydre de Lerne : Hercule prend sa massue à deux mains pour affronter l’hydre, 1608

Je te donne un exemple. Imaginons que je sache que je dois travailler sur ma rapidité de rédaction, entendue comme la rapidité à mettre les idées en mot (et non comme la capacité à tracer mes lettres rapidement, ce qui pourrait être un autre point faible). J’ai remarqué que c’était particulièrement handicapant pour moi en dissertation, voyant que je peinais à finir ma copie alors même que mon plan était visiblement correct et précis. Ce que je viens de faire dans les deux phrases précédentes, c’est cibler mon problème (cf. partie suivante). Ensuite, il me faut trouver un exercice tout aussi ciblé, qui me permette de savoir si je progresse dans cette compétence de rédaction rapide à partir d’idée. Je fais alors en sorte de trouver la tâche qui me permettra de m’entraîner le plus spécifiquement. Ici, pas besoin de s’entraîner à faire un plan, ni à apprendre des connaissances : j’utilise donc des plans déjà tout faits (venant de mes dissertations précédentes, de corrections de profs, d’annales), des mots-clés, etc. qui me serviront d’idées que je devrais m’entraîner à mettre en mots. Je me donne également un objectif d’efficacité réaliste, correspondant aux attentes en dissertation (15 min/sous-partie par exemple). Il ne me reste plus qu’à pratiquer en limitant mon temps et en vérifiant si je suis dans les cordes. Pas besoin de rédiger toute une dissertation à la fois : la rédaction d’une sous-partie peut déjà aider à se rendre compte de la marge d’amélioration que l’on a. Mieux vaut faire des toutes petites sessions régulières que l’on arrive bien à évaluer, plutôt que d’en faire une longue unique qui perturbera notre emploi du temps, en plus de nous fatiguer et de rendre la mesure de la performance plus difficile.

Reprendre sa copie

On sait maintenant qu’il peut être très efficace de travailler sur ses lacunes. Cependant, cela nécessite de les avoir déjà repérées : comment s’y prendre ? Il est en effet facile de savoir que l’on s’est trompé, mais souvent beaucoup plus compliqué de trouver où cela est arrivé précisément, et surtout de réussir à ne pas répéter l’erreur. Avant de voir ce qui peut nous aider dans ce cadre, il faut comprendre ce qu’on appelle précisément erreur ici : un écart par rapport aux attentes. Or, pour mesurer un écart et pour le réduire, il ne faut pas seulement avoir conscience de son existence. Sinon, on pourrait essayer de le corriger dans le mauvais sens, et encore davantage s’éloigner des attendus. Pour évaluer l’erreur, il faut donc connaître la référence du jugement et mesurer précisément notre écart avec elle.

La prépa nous aide déjà beaucoup dans cette entreprise : les appréciations des professeurs nous signalent nos erreurs, mais parfois nous donnent aussi des moyens de les corriger (c’est-à-dire à la fois le signalement, la mesure de l’écart, et la référence de l’erreur). On peut également demander aux autres élèves de sa classe, et notamment les meilleures copies, qui sont des atouts formidables pour obtenir une idée très concrète de ce qu’il faut faire. On comprendra donc que le geste le plus fécond dans ce cadre est de comparer les erreurs de sa copie avec ce qui a été fait dans la meilleure copie : même si c’est difficile psychologiquement, c’est une très bonne manière de mesurer l’écart entre ce qu’on a fait et ce qu’il fallait faire, et cela nous donne une idée de la direction dans laquelle on doit orienter son travail d’entraînement. En plus de cela, on peut aussi simplement aller demander au professeur ce qui aurait été attendu à l’endroit où on avait fait l’erreur si on n’arrive vraiment pas à l’entrevoir. On peut également demander à ses chers khâmarades. Tout cela, comme je l’ai déjà dit, dans le but de mettre en place des petites séances de travail sur ses erreurs pour être certain de ne plus les refaire. Car se contenter de prendre connaissance de nos failles sans agir, cela ne sert qu’à se miner le moral.

Quand les erreurs concernent la méthodologie, il est souvent plus dur d’avoir une référence explicite, et souvent plus dur de poser la question au professeur (même si c’est une très bonne idée de le faire) : c’est en grande partie pourquoi Enkhagne.fr a été créé. Les articles de méthodologie pour les différents exercices et disciplines peuvent ainsi servir à comparer ta manière de faire dans ta copie à une manière de faire validée par notre expérience. En plus de cela, le site renferme de nombreux exemples d’erreurs en tous genres, ce qui peut t’aider également à comprendre ce qui ne va pas dans ton travail.

Charles-François Daubigny, Souvenir du Morvan

Prendre la correction

Enfin, en prépa, on sait tous que le moment de la récupération des copies n’est pas le plus agréable : c’est souvent un retour de vacances et qui plus est, le rendu est la plupart du temps effectué après la correction. Ces deux facteurs font qu’il semble difficile de rester concentré pendant que le professeur fait la liste des erreurs commises par les élèves. Pourtant, il faut tout donner pour maintenir son attention lors de ces instants, car ils sont cruciaux. Même s’il est mal aisé de s’en rendre compte alors que notre copie n’est pas encore revenue, les éléments de la correction constitueront très souvent les réponses à des questions que tu te poseras quand tu reprendras ton propre travail (voir les parties précédentes). Et comme sur le coup on ne sait pas ce qui sera pertinent pour notre cas particulier, mieux vaut assurer ses arrières en notant la correction de la manière la plus exhaustive possible. En effet, celle-ci constitue la référence permettant de repérer tes faiblesses, donc mieux vaut la prendre en note scrupuleusement.
Il peut être également très intéressant de prêter attentivement l’oreille à toutes les erreurs de la classe que le ou la prof mentionne à ce moment-là. Même si elles semblent parfois loin de nous, les noter pourra être utile plus tard, quand on cherchera tous les facteurs qui nous ont fait perdre des points. Trouver des problèmes au sein de son travail n’est jamais facile, alors autant prendre l’habitude d’entrevoir toutes les possibilités d’erreur, ce qui nous permettra de développer un regard plus aiguisé lors de notre reprise de copie.