La spé Théâtre pour Ulm et Lyon (A/L et LSH)

  1. Qu’est-ce que la spé théâtre ?
  2. L’organisation des cours
  3. Le programme
  4. Les épreuves
  5. Est-ce que je conseille la spé théâtre ?
  6. Comment travailler le théâtre ?

 

Le théâtre est une des spés artistiques proposées en khâgnes A/L et LSH. Tu te demandes si cette spé est faite pour toi ? Tu as besoin de conseils pour progresser ? Cet article est là pour répondre à toutes tes interrogations.

L’ISMAPP

Après avoir passé deux en prépa littéraire, elle présente l’école qu’elle a intégré sur concours : l’ISMAPP, ou Institut Supérieur du Management Politique et Public.

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L’EHESS

Emma, en master 1 d’études politiques à l’EHESS après trois ans de prépa littéraire au lycée Fénelon, te présente l’EHESS et les spécificités de cette école entièrement tournée vers la recherche.

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Si tu es déjà en option ou en spé théâtre et que tu recherches des conseils, rendez-vous en fin d’article (« Comment travailler le théâtre ? »)

Qu’est-ce que la spé théâtre ?

Le théâtre est une des spécialités proposées dans certaines khâgnes classiques (A/L) et modernes (LSH). Il n’est pas possible de s’y inscrire depuis une B/L. Comme les autres spés artistiques (musique, histoire de l’art, cinéma), l’option théâtre n’est pas dispensée dans toutes les CPGE littéraires de France : si tu souhaites la choisir, tu devras aller dans une khâgne qui enseigne le théâtre.  

On parle de spé théâtre en khâgne, et d’option théâtre en hypokhâgne. En première année effectivement, il s’agit d’un enseignement facultatif, comme la LVB renforcée pour ne donner qu’un exemple. Les options artistiques sont plus lourdes que la plupart des autres options d’hypokhâgne. On peut prendre une option légère à côté de l’option théâtre, mais ce n’est pas obligatoire et certains lycées permettent même de se dispenser de la LVB.

La spé théâtre est la suite logique à l’option théâtre : il est nécessaire d’avoir effectué une option théâtre en hypokhâgne pour accéder à la spé théâtre en khâgne, mais avoir suivi une option théâtre en hypokhâgne ne t’oblige pas à choisir la spé théâtre en khâgne.

Il n’y a pas de prérequis au choix de l’option théâtre en hypokhâgne : ni pratique préalable du théâtre, ni enseignement du théâtre au lycée.

 

L’organisation des cours

L’option théâtre en hypokhâgne se divise entre des cours pratiques (mise en scène, improvisations, éventuellement préparation d’une pièce de théâtre, exercices respiratoires…) et un enseignement théorique reposant sur le visionnage de nombreuses pièces au cours de l’année. D’après mon expérience, la spé théâtre en khâgne est beaucoup plus axée sur le théorie que l’hypokhâgne, et la pratique est quasiment abandonnée. 

Il y a quatre heures de théâtre en hypokhâgne, et quatre heures également en khâgne, mais il faut y ajouter de nombreuses heures allouées au visionnage de spectacles dans différents théâtres, tout au long de l’année. C’est donc une option et une spé assez lourde et fatigante (les transports + des pièces parfois longues = moins de temps de travail et de sommeil).

Les cours portent très majoritairement sur les créations contemporaines : l’objectif principal n’est pas d’étudier des textes théâtraux, mais la scène. Lorsque l’on étudie des pièces, c’est toujours en rapport avec leur traitement au plateau. Par « théâtre contemporain », j’entends donc « spectacles contemporains », et pas nécessairement « textes contemporains » : on peut très bien étudier une mise-en-scène d’Hamlet présentée en 2023. Il arrive également que nous évoquions des mises en scène historiques : Jean Vilar, Antoine Vitez, Bob Wilson… Mais je n’ai jamais étudié des mises en scène datant du XVIIe siècle.

 

Le programme

L’hypokhâgne option théâtre est hors-programme : elle sert à te donner une vaste culture théâtrale et une connaissance des enjeux et problématiques théâtraux actuels. Le professeur est libre de ses enseignements. Il prépare généralement un programme de spectacles divers à aller voir et à analyser au cours de l’année, et de textes théâtraux ou théoriques à assimiler. C’est aussi grâce à cette absence de programme qu’il peut consacrer du temps à la pratique, libre elle aussi. 

La khâgne, moderne comme classique, suit en revanche un programme, constitué d’un grand thème (mon année, par exemple, « l’obscène », et pour les années 2022-2024 « l’illusion théâtrale »), d’un ouvrage théorique (dont je n’ai toujours pas compris l’utilité pour être parfaitement honnête) et d’un auteur de pièce. Pour Lyon, la connaissance d’une seule œuvre de cet auteur est requise (mon année, Les Suppliants de Jelinek) mais pour Ulm, il faut en maîtriser plusieurs, dont la liste est donnée assez tard (mon année, Ce qui arriva après le départ de Nora, Maladie ou femmes modernes, Totenauberg, Ombres. Eurydice parle, et Sur la voie royale, toutes de Jelinek). L’auteur sélectionné est le même pour Lyon et pour Ulm, c’est pourquoi les cours sont pris en commun : seul l’oral est différent, et il ne l’est pas tant que cela.

En résumé, les cours de théories se partagent généralement entre des analyses de spectacles, des analyses des œuvres au programme et des cours théoriques portant sur le thème. 

Attention : encore une fois, on étudie le théâtre contemporain, parfois assez avant-gardiste, qui joue sur les frontières entre les arts, et non le théâtre classique, donc ça peut être très déconcertant au début.

Les épreuves

La khâgne spé théâtre te prépare à deux épreuves, une orale, l’autre écrite.

L’épreuve écrite : la dissertation

La dissertation est commune aux ENS d’Ulm et de Lyon. Il s’agit d’analyser et de discuter une citation portant sur le théâtre. La citation tourne autour du thème étudié autour de l’année, même si le jury n’est pas clair quant à la possibilité que la citation tourne un jour autour de l’auteur de l’œuvre critique ou de l’œuvre théâtrale (il y a quelques zones d’ombre autour de l’épreuve de théâtre…). 

C’est une dissertation classique, généralement en trois parties et trois sous-parties, dans laquelle on doit soutenir la thèse et la discuter. Elle repose sur des exemples tirés de spectacles que l’on a vus ou étudiés, même s’il est possible, en petite quantité, d’utiliser d’autres exemples : genre (ex : la farce), texte…

Elle se compose en 6h

L’épreuve orale : le commentaire dramaturgique (avec mise au plateau pour Lyon)

Pour Ulm

L’oral porte sur un extrait de l’une des œuvres du programme. On te distribue un texte de longueur variable que tu dois analyser en fonction de sa mise au plateau : c’est un commentaire dramaturgique, donc pas un commentaire littéraire. L’analyse des procédés n’est pertinente que si elle te donne des indications sur la manière de mettre en scène. Il ne s’agit pas de faire une proposition de mise en scène, mais de relever tous les enjeux de la mise en scène de cet extrait et de faire quelques propositions de résolution en fonction du texte. Je te laisse suivre ce lien pour plus de détails sur cet exercice assez différent des autres proposés en khâgne.

Le commentaire dramaturgique, selon le rapport de jury de Lyon en 2022, « consiste […] en un temps d’explication du texte, de ses enjeux, de sa situation dans l’œuvre et des questions qu’il pose d’un point de vue dramaturgique. Elle nécessite de lever les contresens possibles, de montrer les ambiguïtés du texte, de réfléchir à la théâtralité qu’il induit. [Il] doit s’appuyer, pour cela, sur les études théâtrales, les méthodologies d’analyse dramaturgique, l’histoire du théâtre. » 

La préparation dure 1h30, pour un oral constitué de 20 min de prise de parole en continu et de 10 min d’entretien.

Pour Lyon

L’oral porte sur un extrait de l’œuvre au programme. Il est divisé en trois parties : un commentaire dramaturgique (environ 20 min), une proposition de mise-en-scène du candidat qui dirige deux acteurs (idem) et un entretien (idem). C’est donc une épreuve à la fois passionnante et difficile.

D’après le rapport de jury 2022 de l’ENS de Lyon, il ne faut oublier que « le deuxième temps de l’épreuve n’a pas de visée artistique. Il ne s’agit pas de faire valoir des qualités de mise en scène ou de directions d’acteurs – l’ENS de Lyon n’est pas une école supérieure d’art –, mais d’éprouver en pratique des hypothèses dramaturgiques. Il importe donc que ce moment soit un moment réflexif : présentation des hypothèses, exécution de celles-ci, rectification ou approfondissement. Le ou la candidate doit accompagner ces essais d’explications. »

Quant au troisième temps, il « est l’occasion de revenir, dans la discussion, sur les deux premières parties, de lever des ambiguïtés ou des incompréhensions, de préciser des points obscurs, d’apporter des nuances, d’expliciter des choix, etc. Cette partie permet aussi au candidat ou à la candidate de solliciter sa culture théâtrale, l’ensemble des éléments au programme (œuvres et question), ou encore son activité de spectateur et spectatrice. Il s’agit moins de mesurer une érudition que de permettre au candidat ou à la candidate de témoigner du caractère fondé et ample de sa réflexion, rapportée à l’extrait étudié. »

 

Est-ce que je conseille la spé théâtre ?

J’ai personnellement adoré mes deux années de théâtre à Fénelon. Je te conseille vivement cette spé si tu es passionné de théâtre et que tu es prêt à y consacrer du temps. En effet, c’est une spé assez prenante : elle nécessite un gros investissement dès l’hypokhâgne, que ce soit par le nombre d’heures de cours que dans le travail en-dehors. C’est très sympa d’aller régulièrement au théâtre, mais entre les transports pour aller au spectacle et la fatigue de la prépa, on est parfois envahi par la flemme… D’autant qu’il faut bien prendre en compte que les heures consacrées au théâtre ne sont pas des heures consacrées aux autres matières. Pour ce qui est de la quantité de travail hors-cours, en-dehors donc des spectacles à aller voir, je dirais qu’elle est similaire à celle des lettres : il faut lire, s’entraîner aux différents exercices, faire quelques fiches et apprendre plus précisément certains éléments, mais ce n’est pas aussi fastidieux que l’apprentissage de l’histoire par exemple. 

Pour te donner des chiffres, j’avais 4h de cours de théâtre par semaine, auxquelles il faut ajouter un spectacle toutes les deux semaines à peu près (entre 1h et 5h par spectacle en général, sans compter le temps de transport, sachant que pour ce qui est de Paris beaucoup de salles sont en banlieue) et je travaillais, en plus, à peu près 4h par semaine pour le théâtre. 

En très bref je conseille si tu es vraiment intéressé par le théâtre et disposé à y consacrer beaucoup de temps, sachant que ce n’est pas la spé qui intègre le plus.

 

Théâtre de l’Odéon dans le VIe arrondissement de Paris, Daniel Vorndran / DXR, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>

L’ISMAPP

Après avoir passé deux en prépa littéraire, elle présente l’école qu’elle a intégré sur concours : l’ISMAPP, ou Institut Supérieur du Management Politique et Public.

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L’EHESS

Emma, en master 1 d’études politiques à l’EHESS après trois ans de prépa littéraire au lycée Fénelon, te présente l’EHESS et les spécificités de cette école entièrement tournée vers la recherche.

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Comment travailler le théâtre ?

La panique du jeune hypokhâgneux 

Ici, je m’adresse plus à ceux qui sont déjà en spé théâtre qu’à ceux qui cherchent leur orientation.

Je suis entrée en option théâtre en hypokhâgne avec une connaissance extrêmement limitée du théâtre contemporain. J’avais l’impression que tout le monde était habitué aux spectacles parisiens qui peuvent s’avérer extrêmement bizarres, et que j’étais la seule à être totalement larguée. C’était faux. Certains étaient certes habitués, mais beaucoup d’autres étaient aussi perdus que moi – simplement, ils ça ne se voyait pas.

Bref, tout ça pour dire que ce n’est absolument pas grave de ne pas se sentir à sa place au début. Ce cours n’est pas destiné aux initiés. Tu comprendras rapidement les enjeux et les modes du théâtre contemporain, nul besoin de paniquer : tout ça se rattrape très vite. 

Apprendre la base en hypokhâgne

Ce qui m’a beaucoup aidée en hypokhâgne, ç’a été de visionner de nombreuses captations (les salles de spectacle étaient fermées à cause du Covid) : j’ai pu connaître les différentes « familles » du théâtre contemporain (théâtre documentaire, postdramatique…) et les différents metteurs en scène apparemment incontournables mais que je ne connaissais absolument pas. Cela m’a vraiment permis de m’initier au théâtre, en parallèle de nombreuses recherches Internet, sans avoir à digérer un programme comme en khâgne. J’ai fiché certains de ces spectacles et ils ont ainsi pu me servir en khâgne. Surtout, j’ai entièrement fiché l’excellent et très clair Scénographies du théâtre occidental d’Anne Surgers, qui m’a bien mis les idées en place. Essaye de le trouver en bibliothèque, il est un peu cher. Tu peux aussi me contacter pour que je te transfère ma fiche. 

En hypokhâgne comme en khâgne, je conseille de bien aller voir les spectacles prévus, bien entendu, car ils constituent de bons exemples de dissertation (et puis c’est quand même sympa) ; mais je te conseille également de sécher les spectacles quand tu es vraiment trop épuisé. Sincèrement, parfois c’est nécessaire de se faire une bonne nuit de sommeil.

Trouver des exemples 

Sinon, je dirais que tu devrais reprendre ton cours pour bien l’assimiler, mais aussi pour l’intégrer dans tes fiches : ton prof te parle d’un spectacle ? Intègre-le immédiatement dans ton exemplier. J’ai aussi conçu des fiches sur différents spectacles ou sur différents praticiens, ainsi que sur des mouvements (ex : l’actionnisme viennois) particulièrement utiles pour le programme (tu peux te répartir ce genre de fiches avec d’autres élèves). J’ai, comme tu l’auras compris, aussi utilisé un exemplier, particulièrement utile pour être rapide et précise en dissertation.

En fin d’année, j’ai également sélectionné et appris des citations issues de spectacles et de théoriciens.

Nourrir sa réflexion à partir de théorie théâtrale

Pour la théorie, j’ai essayé de ficher un livre sur l’obscène, mais je ne suis jamais parvenue au bout – peut-être que toi tu y parviendrais, mais ce n’est définitivement pas mon truc. En revanche, j’ai fiché pas mal d’articles, issus de Cairn par exemple : c’est plus facile à ficher qu’un livre entier et ça permet de diversifier les références.

Sinon, j’ai également fait des fiches pour devenir plus efficace en dissertation : à partir de dictionnaires théâtraux et de mes cours, j’ai essayé de définir les grands termes du théâtre (scène, réel…) en donnant tous leurs sens possibles, sur lesquels je pouvais ainsi facilement jouer dans la dissertation.

L’oral

J’ai essayé de lire au plus vite les ouvrages au programme (même si dans les faits j’en ai lu un au tout dernier moment, ce que je déconseille). Essaye de connaître parfaitement l’ouvrage si tu prépares Lyon, car tu devras aller vite ; tu peux te permettre de connaître un peu moins les textes si tu prépares Ulm, mais rappelle-toi  que tu dois être capable d’expliquer un maximum de choses, sinon tout, et de bien comprendre la situation du passage et ses enjeux dans l’économie générale de la pièce. 

Sinon, je ne le dirai jamais assez, pratique, et pratique. Fais des brouillons de commentaires dramaturgiques, étudie des passages, rédige des intros… C’est vraiment comme cela que tu t’approprieras le programme et surtout la méthode de l’exercice.

Préparer la dissertation

Pour cela, je te donnerai les mêmes conseils : prends des sujets et problématise-les, rédige des intros, reprends une dissertation et réécris une sous-partie mal faite pour l’améliorer, utilise tes exemples en les intégrant dans une dissertation… Nul besoin de faire une dissertation entière pour t’entraîner : découpe-la en plusieurs types d’exercices et prends les séparément. Ton prof te reproche ton style ou ton manque de clarté dans les exemples ? Ecris des sous-parties jusqu’à te fluidifier. Tu peines à problématiser ? Analyse et problématise des sujets. Tes plans n’ont aucun sens ? Rédige des plans détaillés, soit à partir de nouveaux sujets, soit en reprenant le sujet d’une copie où tu as eu des difficultés.

C’est en t’entraînant que tu progresseras le plus vite, et en faisant par petits bouts, tu te décourageras peut-être moins qu’en te forçant à faire des dissertations entières 🙂

Et surtout, ne t’inquiète pas : le déclic qui te fait passer de notes pas dingues à de très bonnes notes peut se faire très tard. 

Mon emploi du temps en théâtre

Comme je l’ai dit plus haut, je travaillais le théâtre en-dehors des cours et des spectacles environ 4h par semaine, ventilées ainsi : 

  • Une heure après chaque cours de théâtre (chaque cours faisant 2h), donc 2h par semaine : reprise du cours (mise en page, relecture, utilisation des éléments dans des fiches) ;
  • Une heure par semaine : fichage (réflexion sur les spectacles, mise en place des exempliers, lecture et fichage d’articles…) ;
  • Une heure par semaine : exercices (pour l’oral ou pour l’écrit, cf. ci-dessus).

Tu peux reprendre cette répartition si ça t’aide, ou faire tout à fait autrement… En tout cas ça m’a permis de progresser rapidement à l’oral comme à l’écrit et de travailler régulièrement sans me stresser au dernier moment 🙂

 

 

 

Courage en toi dans ton ce boulot, et tâche de te souvenir de ce qui te fait vibrer dans cet art malgré la pression !