La spé Histoire des arts (AL/LSH)

 

  1.  Choisir la spé Histoire des arts
  2. Conseils pour l’hypokhâgne
  3. Conseils pour la khâgne
  4. Les épreuves

A l’issue deux ans de prépa au lycée du Parc à Lyon, Mathieu a intégré l’ENS d’Ulm en Histoire des arts. Ayant été reçu aux deux ENS, il t’explique tout ce que tu dois savoir sur cette spé, que tu la suives déjà ou que tu hésites à la prendre. 

Tout ce que je vais dire est très personnel, et tous les professeurs vous feront connaître la chose différemment. J’ai eu la chance d’être guidé par Christophe Henry au lycée du Parc de 2020 à 2022 : c’est un OVNI très érudit et un analogiste virtuose qui m’a fait traverser et retraverser la frise du temps avec délectation. Je lui dois énormément. Merci.

Choisir la spé Histoire des arts

S’il devait y avoir une seule condition avant de faire le choix d’entamer un cursus en HDA, ça serait l’amour des images. Vous allez en manger, beaucoup. Concrètement, c’est ce qui est visé : votre éducation visuelle. Derrière ce terme vendeur, j’entends que vous serez initiés à un certain art du dépatouillage. L’horizon final : peu importe l’image qu’on présentera, vous ne serez plus totalement perdu, et même si c’est le cas, vous saurez exprimer, structurer cette impression. A mon sens, la matière qui se rapproche le plus de celle-ci est la littérature : dans les deux cas, on analyse des formes. Les nôtres sont simplement visuelles, et les professeurs ont tendance à davantage les enrober dans des contextes historiques. Par éducation, on peut aussi entendre travail de la paupière. Elle sera ouverte de plus en plus grand, sur des espaces différents, à des époques différentes, à tel point qu’on finit par sentir qu’une culture générale profonde des mentalités, des matériaux et des techniques vient enrichir notre regard. C’est un autre aspect jouissif : les visuels vous forcent à toucher à tout : anatomie, cartographie, anthropologie, littérature,… Il est tentant, par amour et à ses risques et périls, de tout rapporter à cette matière attachante.

L’ISMAPP

Après avoir passé deux en prépa littéraire, elle présente l’école qu’elle a intégré sur concours : l’ISMAPP, ou Institut Supérieur du Management Politique et Public.

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L’EHESS

Emma, en master 1 d’études politiques à l’EHESS après trois ans de prépa littéraire au lycée Fénelon, te présente l’EHESS et les spécificités de cette école entièrement tournée vers la recherche.

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Conseils pour l’année d’hypokhâgne

L’hypokhâgne est un peu dans toutes les matières le temps de la liberté et de la libre exploration. En HDA, laissez votre curiosité vous amener à tout toucher. Notez le nom de tous les mots qui vous font remonter le sourcil gauche, de tous les artistes que vous ne connaissez pas,… Epongez tout ce que vous pouvez et, en chemin, prenez le temps, sans pression, de vous familiariser avec les concepts qu’on vous présente. Une fois repérés, vous les verrez revenir de plus en plus, et vous devriez progressivement prendre plaisir à jouer avec eux. Tout comme pour l’apprentissage d’une nouvelle langue, baignez dedans. Surtout, cueillez votre avis en toute circonstance. Dédiez un cahier à cela si possible. Vos premiers avis seront trop vite encadrés par la logique des épreuves à venir si vous n’y prenez pas garde. Or, ils doivent constituer votre identité, et c’est en les écoutant, en cherchant à les comprendre et à les étoffer que vous perpétuerez votre goût pour la matière, goût qui est à la base de tout le reste. A mon sens, un bon bain se prend de la façon suivante.

1) Allez au musée si vous le pouvez, si la ville dans laquelle vous étudiez en dispose. Il paraît qu’il n’y a rien de mieux que de voir en vrai.

2) Autrement, maintenant, vous pouvez tout aussi bien, et avec plus de commodité, faire défiler toutes les oeuvres d’un artiste devant vous depuis votre chaise de bureau. Ne négligez jamas cet apport constant. Mon professeur nous envoyait fréquemment des dossiers indécemment lourds avec beaucoup trop d’images. Le but n’était pas tant de se pencher sur chacune d’elle que d’habituer son regard à parcourir des peintures, des sculptures, des jardins, des objets décoratifs, des plans architecturaux, des façades de cathédrales…

3) Posez vous un peu après le cours pour mettre des images sur les mots inconnus. Regardez brièvement l’oeuvre générale des artistes mentionnés, essayez de les situer esthétiquement et chronologiquement par rapport aux autres que vous avez déjà fixés dans votre esprit.

4) Soyez actif et intelligent. Par intelligent, je veux dire que c’est la discipline idéale pour découvrir la passion de l’analogie qui sommeille en vous. N’hésitez à poser sur un papier toutes les relations qui vous passent par la tête quand vous voyez quelque chose. Mine de rien, et quoi qu’on en dise, la traque de motifs à travers le temps et l’espace reste un des savoirs-faire les plus importants et les plus laborieux à acquérir. Si ça vient de vous, c’est encore plus précieux. Imaginez-vous en train d’écrire le prochain épisode de Blow-up (super émission d’Arte dans laquelle ils font le tour d’horizon d’une thématique) tous les soirs sur votre oreiller.

5) Regardez des films. L’enrichissement est mutuel : vous les apprécierez davantage au fur et à mesure que votre cursus avancera, et ils vous donneront souvent envie de revoir des oeuvres.

J’ai pris le temps de nommer la plupart des médiums que vous étudierez pour rappeler que l’histoire de l’art, ce n’est pas que la peinture, même si ce medium reste central. Si vous vous apercevez que votre enseignant est enclin à lui faire une place trop écrasante par rapport aux autres formes artistiques, ne soyez pas paresseux, et faites l’effort de toujours regarder les motifs ou les thèmes que vous étudiez dans leurs apparitions techniques diverses. Vous y gagnerez beaucoup sur le plan intellectuel, et votre regard sur la peinture gagnera lui aussi beaucoup.

Conseils pour l’année de khâgne

En khâgne, le but est de garder la même ligne directrice qu’en hypokhâgne et de préserver, sur une année, les flammes de votre curiosité, et ceci même si le champ est a priori limité par deux thèmes qui changent chaque année (je reviendrai dans les paragraphes suivants sur les formats des épreuves) : l’un général (ex : L’animal dans l’art) et l’autre ancré dans le temps (ex : La sculpture monumentale au XIX et au XXe siècle), car l’occasion d’explorer est encore plus grande. Tout comme on s’aperçoit en master qu’un sujet très délimité est souvent plus propice aux
enquêtes très vastes qu’un sujet vague aux bornes lâches, vous verrez qu’en khâgne, la précision du programme rendra vos relations aux oeuvres plus stimulante. Une année passée à étudier l’animal m’a ouvert toute une dimension de l’art, ouvrable dans quasiment chaque tableau. Et dites vous bien qu’il n’est pas possible de voir en une vie toutes les productions artistiques d’un seul siècle de l’histoire. Alors allez-y buvez les oeuvres sans relâche et sans modération. Au pire, vous pourrez, après avoir suivi tous ces conseils, fonder le club des petits humanistes des temps modernes, s’il n’existe pas encore.

 

L’ISMAPP

Après avoir passé deux en prépa littéraire, elle présente l’école qu’elle a intégré sur concours : l’ISMAPP, ou Institut Supérieur du Management Politique et Public.

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L’EHESS

Emma, en master 1 d’études politiques à l’EHESS après trois ans de prépa littéraire au lycée Fénelon, te présente l’EHESS et les spécificités de cette école entièrement tournée vers la recherche.

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Les épreuves

La dissertation

Le format est tout aussi étrange qu’en Lettres, mais il faut s’y faire et trouver tant bien que mal de l’intérêt. La différence, c’est le degré de précision effectivement attendu. Le mot histoire prend sens. On situe des formes dans une histoire, là où on ne fait pas vraiment, au fond, d’histoire de la littérature.
Concrètement, vous aurez 6h et un sujet. La borne spatiale est occidentale. La borne temporelle est celle définie par les deux thèmes annuels du concours. Je vais pointer les difficultés majeures que l’histoire des arts pose au format de la dissertation académique. D’abord, les thèmes ne sont pas évidents à problématiser. Encore aujourd’hui, je considère que l’histoire des arts est plus une méthode qu’une science (même humaine). Alors, les raisonnements dialectiques collent mal à la peau de la bête. Ensuite, c’est difficile de travailler avec des oeuvres uniquement dans la tête. Il va falloir travailler la mémoire visuelle au mieux.
L’introduction est l’occasion d’élaborer un problème. Montrez les enjeux, trouvez des limites (c’est toujours intéressant de limiter un sujet et d’exclure certaines choses),… Comme la méthode est souvent la même, je vais me contenter de souligner l’importance de faire des choix forts dans cette discipline. Notre inclination naturelle nous conduit à faire des exposés, des tours d’horizon du sujet, alors que dans l’idéal, il faut trouver un moyen de donner une réponse à quelque chose. C’est un peu casse-tête. Vous finirez bien par trouver un cocktail qui marche pour vous.
Pour le développement, globalement, on attend pas une structure entièrement déterminée par la chronologie. La logique et les thèmes doivent prédominer. Seulement, pour la cohérence, essayez de respecter une suite chronologique pour l’ordre des exemples dans vos parties. Il y a, d’expérience, trois grands types de sous-parties possibles. La plus recommandée : la monographie. Choisissez une oeuvre et concentrez vous uniquement sur elle pour illustrer l’idée du paragraphe. Ensuite, il y a la mise en rapport possible de deux oeuvres (voire trois). C’est le
cas le plus fréquent, car il est très fécond. Mais il faut avoir conscience des risques. Si l’écart contextuel entre vos deux exemples est grand, c’est fort, et intéressant, mais le risque d’anachronisme et d’effacement des particularités et grand. Au contraire, s’il est tout petit, ce que vous gagnez en rigueur, vous risquez de le perdre en redondance et en manque d’audace. Enfin, troisième possibilité : le parcours thématique. Faites un paragraphe dans lequelle vous mentionnez plus de trois oeuvres pour relever la persistance d’un motif à travers le temps, son ubiquité spatiale, ou son approche par différentes techniques artistiques. Comme je le disais, la précision est le maître mot. Toute mention d’oeuvre doit être datée, attribuée et titrée et le lieu de conservation doit figurer. Ça paraît futile, mais croyez moi, ça fait toute la différence, au même titre que le soulignage des oeuvres et des sources. Concrètement, au moment où il ouvre votre copie double, le lecteur doit sentir la précision, le renseignement et le sourçage. Toujours paraître limiter l’arbitraire.
En conclusion, c’est toujours un peu délicat, alors tentez au mieux de faire bonne impression. Pour cela :

1) Revenez sur les trois idées les plus intéressantes qui vous sont venues en écrivant, et servez-vous de ce tremplin pour ouvrir la réflexion. L’ouverture est d’autant plus appréciable qu’elle peut constituer un sujet de recherche précis.

2) Discutez le sujet avec modestie, et si vous vous sentez d’humeur provocatrice, reformulez-le pour qu’il soit plus adapté (selon vous).

3) Parlez en chemin de ce que vous avez choisi de ne pas traiter, et dites pourquoi : avec un peu de chance, l’examinateur trouvera un peu moins arbitraire votre enchaînement.
 

Les épreuves orales

L’Ecole du Louvre

Commençons par les khôlles. Vous en aurez plusieurs chaque semestre. Ce sont des oraux dans lesquels vous aurez à analyser des oeuvres. Il existe 3 types de khôlles : type Louvre, type Ulm et type Lyon. Leur format et leurs exigences sont adaptés aux attendus de ces trois écoles.
Pour l’école du Louvre, vous aurez 30 minutes de préparation pour 10-15 minutes de passage et un petit temps d’entretien. C’est très très court 30 minutes. Surtout que, surprise, en 30 minutes vous devrez préparer l’étude de deux oeuvres – et les études sont séparées l’une de l’autre. Donc logiquement, vous avez 15 minutes à consacrer à chacune des deux oeuvres. L’accent est mis sur votre réactivité face à des images qui sont plus ou moins liées à votre programme de khâgne et donc les mediums varient. Difficulté majeure : les images ne sont ni titrées, ni datées des attribuées à un.e auteur.e. Votre introduction doit donc vous permettre de les contextualiser, de tenter de les identifier (si vous savez, dites le directement ; si vous ne connaissez pas l’oeuvre, tentez de la situer le plus possible en vous risquant à donner un mouvement, une époque, un pays,…) Qui dit réactivité dit nécessité d’avoir en tête des structures types à remplir rapidement. Attention, si cela vous sauve et vous permet de proposer quelque chose avant la fin du temps imparti, cela peut aussi vous conduire dans une impasse stagnante et insipide. Cet outil ne doit pas devenir un piège : la structure doit être assouplie et adapté aux contenus soumis à votre étude. Des notions clés peuvent revenir pour que vous organisiez rapidement votre propos, mais vous devez vraiment tenter (c’est très difficile et il faut beaucoup pratiquer) de spécifier et d’envelopper au plus près vos oeuvres. Mon professeur nous avait familiarisé avec des notions très englobantes (absorption esthétique, matérialité, narrativité, intertextualité,…) pour guider rapidement notre regard. Il n’y a pas de plan miracle, mais des points à ne pas manquer. Tout d’abord, montrez que vous maîtrisez l’art de la description. C’était apprécié entre bons courtisans à la Renaissance, et il c’est l’occasion pour vous de revêtir ce costume. Sachez mettre des mots sur ce que vous voyez, tentez de formuler les implicites si les oeuvres impliquent des enquêtes pour déterminer un sens (ce n’est pas toujours le cas). La description est un art dans cette épreuve même si rares sont ceux qui oseront l’avouer. Il y a de vraies attentes rhétoriques. Soyez élégant et englobants, ne laissez rien échapper à votre regard et à vos mots bien choisis. Et fraise sur le cheese-cake, on veut une personnalité marquante. C’est là que ce que je disais au sujet de vos avis prend un sens utile. Vous devez exprimer vos avis, mais bétonnés par des sources (des sources d’époque et des sources historiographiques). Naturellement, le problème vous revient en tête. Mais je n’ai que 30 minutes pour préparer un tel travail sur deux oeuvres ? Eh oui. Pas d’échappatoire. Il va falloir automatiser le talent.
Si je devais m’essayer à faire la psychologie du jury, même si ce n’est pas franchement rigoureux, voilà ce que je dirais. Le jury du Louvre a en tête de former des professionnels de la matière. Et quand je dis matière, veuillez entendre matérialité. Vous devez davantage tenir un propos de conservateur de musée que de chercheur en histoire (ce n’est pas premièrement ce qu’ils recherchent). Point trop de théorie ici, ils veulent de l’esthétique, de l’attention portée sur les traits, les couleurs, les matériaux, les contextes historiques concrets,… Evitez les grandes théories générales en face d’eux.
Enfin, l’entretien est tout à fait déterminant et à préparer. Soyez au fait de l’actualité de l’art de cette année, à Paris surtout et ailleurs aussi. Choisissez une exposition qui vous a marqué et préparez vous à en parler. Lisez les cartels des expositions qui ont eu lieu dans les musées importants du pays et dans les grands musées internationaux. Inventez vous une trajectoire professionnelle précise, même si elle est encore fort incertaine dans votre tête. Repérez dans leur panel de cours et de partenariats ceux qui vous attirent et sachez dire pourquoi. Ayez en tête un ouvrage d’art contemporain (très récent) et préparez-vous à en parler correctement. Réfléchissez aux questions importantes de votre époque (rendu des oeuvres, expositions en réalité augmentée, histoire du genre…) et faites vous un avis solide sur ces questions pour ne pas êtes pris de court par leurs questions.

L’ENS d’Ulm

Pour l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm à Paris, l’affaire est similaire. Seulement, la préparation étant plus longue, et l’oeuvre à présenter unique, les attentes sont autrement plus importantes, et votre préparation devra être soignée. Néanmoins, je ne peux pas dire que ce soit plus difficile. Concrètement, vous devrez choisir entre une oeuvre contemporaine ou une oeuvre antérieure. A partir de là, plus le choix, et la probabilité que votre programme éclaire l’oeuvre est assez faible. Contrairement à l’épreuve du Louvre, le cartel est renseigné. La méthode est globalement la même, mais vous devez être plus précis, soignez votre élégance rhétorique et le sens de votre présentation aux petits oignons, et faire beaucoup d’hypothèses de recherche.
Si je devais me relancer dans une psychologie à deux balles, je dirais qu’ils veulent des chercheurs, ici, des gens curieux qui dégainent un maximum d’hypothèses à la seconde, quitte à risquer des bêtises. Alors ici, soyez plus rigoureux sur l’historiographie d’époque et de recherche. La théorie passera un peu mieux.

L’ISMAPP

Après avoir passé deux en prépa littéraire, elle présente l’école qu’elle a intégré sur concours : l’ISMAPP, ou Institut Supérieur du Management Politique et Public.

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L’EHESS

Emma, en master 1 d’études politiques à l’EHESS après trois ans de prépa littéraire au lycée Fénelon, te présente l’EHESS et les spécificités de cette école entièrement tournée vers la recherche.

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  L’ENS de Lyon

Le format est très différent et l’épreuve est plus longue. L’avantage, c’est que l’épreuve est sur programme, enfin !

Il y a d’abord un corpus de 4 ou 5 oeuvres qui doivent vous mener à : 1) un commentaire successif 2) des mises en relation. Ca me rappelle un peu l’épreuve de corpus en français de 1ère. Très honnêtement, si vous maîtrisez votre période, vous saurez les articuler et les mettre en rapport dans une réflexion construire.

Deuxième partie de l’épreuve : une dissertation, encore ! Vous savez faire. Notez seulement que l’inclusion d’une ou plusieurs des oeuvres du corps dans votre propos est appréciée. Inspirez vous de mes conseils généraux également. On en arrive à un stade où tout se recoupe et où, aussi différentes éloignées que puissent paraître certaines épreuves, vous avez l’intuition d’éléments et d’aspects récurrents.

Préparation aux épreuves

1) Lisez les rapports de jury. Les attentes y seront mieux précisées qu’ici, et c’est sympa de savoir quelle est la sauce préférée de ceux qui vous mangeront (je rigole ?). A ce propos, je ne suis pas friand de l’idée qu’il faut s’adapter à la personnalité du monde de la recherche que vous aurez en face de vous. Venez comme vous êtes.

2) Nuance. Venez comme vous êtes dans l’idéal. Pour être tout à fait franc, il existe à mes yeux quelque chose comme une personnalité type de l’élève qu’ils veulent recruter. Il leur faut une personne qui sait retomber sur ses pattes, une personne dont la curiosité se fait sentir par l’aspect touche-à-tout de la réflexion, une personne modeste mais qui ne tremble pas et qui sait s’affirmer subtilement (gare à l’orgueil, vous risqueriez de réveiller celui de votre interlocuteur). Un peu de théâtre ne fait pas de mal. Essayez de dramatiser (jamais trop, c’est toujours une question de juste équilibre n’est-ce pas ?) vos propos.

3) Soyez souriants et si l’occasion se présente, n’ayez pas peur d’être un peu drôle. Ca fait tellement du bien d’entendre ou de lire des réflexions drôles, surtout si en prime elles sont pertinentes. Y a des humains en face, pour le meilleur et pour le pire.

4) Toute argumentation demande un art de l’économie et de la retenue. Même si les plus croustillantes de vos idées et observations ont envie de jaillir dès l’introduction, il faut savoir scander et rythmer vos paroles. Sachez délivrer vos pépites qui feront la différence au bon moment. On vous parlera certainement de la triste mais très réelle tendance qui fait que les exposés des étudiant.e.s s’effondrent au moment de la troisième partie. Préservez vos étincelle et répartissez les bien.

5) Adoptez le raisonnement par dossier. En tant qu’étudiants de l’ère numérico-industrielle, adaptez vous, et préfabriquez des dossiers réutilisables. Attention, je l’ai déjà dit mais, toute utilisation passe par une méticuleuse adaptation au sujet. Concrètement, mes fiches s’organisaient de la façon suivante : Cartel complet de l’oeuvre pour être très précis – Détails précis à mobiliser – Grandes notions reliables – Sources d’époque – Historiographie – OEuvres à mobiliser en analogie. Il y a un aspect combinatoire dans cette méthode. J’avais 50 fiches par sujet, donc une centaine de fiches, pour un total de 226 oeuvres à la fin, que je maîtrisais parfaitement, et qui étaient autant d’instrument pour tenter de convaincre ceux qui me lisaient ou m’écoutaient. Ce que je viens de dire vaut aussi bien pour l’écrit (où vous chaque partie tournera autour de l’un de ces mini-dossiers) que pour l’oral (lorsque vous mobiliserez précisément des oeuvres pour nourrir la réflexion qui porte sur celle soumise à votre oeil, ou à vos yeux, si vous en avez deux).

6) Pour conserver votre goût et vos petits yeux pétillants, relisez mes généralités sur le cursus et sur l’hypokhâgne notamment. Ils veulent du répondant enthousiaste.