L’EHESS

Par Emma, en master 1 d’études politiques à l’EHESS après trois ans de prépa littéraire au lycée Fénelon.

Présentation générale : qu’est-ce que l’EHESS ?

L’École des Hautes Études En Sciences Sociales est un établissement public de l’enseignement supérieur qui forme des chercheurs en sciences humaines, du master à l’habilitation à diriger des recherches (HDR).  Il n’est donc possible d’y accéder qu’après une licence ou une équivalence de licence. Contrairement aux universités et aux ENS qui peuvent proposer des préparations aux concours de l’enseignement supérieur, l’EHESS est axée uniquement sur la recherche : c’est une « formation à la recherche par la recherche », c’est-à-dire que les étudiants sont plongés dans le bain de la recherche, en assistant non pas à des cours mais à des séminaires, des exposés de chercheurs sur un objet d’études suivis d’une discussion avec le public. En gros, lors de ces séminaires, les chercheurs exposent ce sur quoi ils sont en train de travailler, ce à quoi le public est censé réagir en proposant des critiques, des objections ou des compléments : c’est l’idéal du « savoir en élaboration ». Aujourd’hui, l’EHESS propose près de 900 séminaires, toutes matières confondues (voir la plateforme Néobab, sur laquelle les cours sont répertoriés par formation et enseignants : https://enseignements.ehess.fr/2023-2024/ue?tous=1).

 

Le baobab, arbre de la connaissance ?

L’ISMAPP

Après avoir passé deux en prépa littéraire, elle présente l’école qu’elle a intégré sur concours : l’ISMAPP, ou Institut Supérieur du Management Politique et Public.

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L’EHESS couvre des disciplines extrêmement variées : l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, l’économie, la philosophie, la littérature, la musicologie, les arts visuels ou encore la géographie (voir l’offre des masters différents sur le site de l’EH : https://www.ehess.fr/fr/master-paris-aubervilliers). Chose très importante : l’EH pousse beaucoup ses étudiants à s’ouvrir à d’autres disciplines que leur discipline de prédilection. La transdisciplinarité est vraiment la valeur cardinale de l’École : ce qui est une chance car tu découvres des horizons intellectuels complètement inconnus et qui pourront grandement enrichir ta recherche. Bien sûr, tu n’es pas obligé d’avoir un projet transdisciplinaire pour rentrer à l’EH (tout dépend de la perspective de ton mémoire et de la spécialité de ton directeur de recherche) mais sache que tu seras fortement invité à t’aventurer dans une ou plusieurs disciplines. L’École a d’ailleurs spécificité d’être très internationalisée : elle accueille de nombreux étudiants et enseignants-chercheurs étrangers et propose régulièrement des séjours de recherches avec des institutions partenaires (https://www.ehess.fr/fr/navigation-international). Il existe également certains masters en co-tutelle avec l’ENS Ulm/PSL, comme les masters de philo et de sciences sociales. Enfin, il n’y a pas de partiels à l’EHESS : les étudiants valident les cours soit par écrit (fiche de lecture, mini-mémoire), soit par oral (exposé, présentation du projet de recherches durant un séminaire).

 

Pourquoi aller à l’EHESS après une khâgne ?

Déjà, par envie profonde de défendre un sujet qui te tient à cœur : tu te sens une appétence pour une ou plusieurs disciplines ; tu aimerais pouvoir travailler en profondeur un objet d’études qui te plait. Avec sa grande variété de séminaires, l’EH te permettra de croiser les perspectives cet objet : ainsi, il n’y a pas le risque de rester figé dans une méthode propre à une discipline. Ce dialogue entre les disciplines doit bien sûr se faire avec la plus grande rigueur possible : ton directeur de recherche ainsi que tes camarades en deuxième année de master ou en doctorat te donneront des clés pour y arriver. A mes yeux, le plus grand atout de l’EHESS est cette vaste liberté intellectuelle dont on peut manquer en prépa. En outre, dès la première année de master, tu es formé très concrètement aux outils de la recherche : tu apprends les codes de l’écriture universitaire et les exercices demandés dans le cadre d’une recherche (qui peuvent aller de l’article scientifique à la présentation de ton projet dans un séminaire). Enfin, l’EHESS est une école assez propice à des rencontres aussi inattendues que belles : en effet, y sont admis des étudiants des IEP, de licences simples ou doubles, des étudiants étrangers, avec des parcours et des projets aussi passionnants les uns que les autres. C’est une école qui suppose donc de s’autonomiser beaucoup plus qu’en prépa, dans la mesure où tu n’as pas de compte à rendre à ton directeur de recherches à part tous les deux/trois mois. Tu es censé prendre davantage d’initiative qu’en prépa : ce qui peut être bien sûr un peu déroutant mais aussi très formateur.

Gérard Fromanger, Bastille – réseaux, 2007, huile et acrylique sur toile, 200×300 cm, Centre Pompidou

© Gérard Fromanger, 2016 © Collection Centre Pompidou/Dist. RMN-GP photo Philippe Migeat

Comment se passe l’admission à l’EHESS ?

La procédure d’admission à l’EHESS est singulière dans la mesure où toute candidature doit être précédée d’une prise de contact avec un directeur de recherches spécialisé soit dans ta discipline, soit dans ton objet d’études. La liste des directeurs de recherche à contacter est inscrite sur la brochure de chaque master. Toute candidature à l’EHESS requiert d’avoir rédigé un projet de recherches au préalable : d’après la brochure du master d’études politiques, « le projet de recherche comporte un titre. Le développement doit permettre d’apprécier la connaissance et la compréhension de la littérature actuelle du champ de recherche dans lequel s’inscrit le projet (état de l’art à partir d’une courte bibliographie), la question de recherche envisagée (problématisation), ainsi que le terrain et/ou les matériaux de recherche qui seront mobilisés pour répondre à la question de recherche (terrain/sources/méthodologie d’enquête). Le projet se termine par une courte bibliographie ». Il ne faut pas que ton projet excède 5 pages. Le calendrier des candidatures aux masters de l’EHESS est calé sur celui de Mon Master. Les inscriptions administratives pour l’admission à la plupart des Master (sans compter les cotutelles avec Paris I, PSL, ENS…) ouvrent début juillet et se clôturent à l’automne, pour une rentrée vers début octobre.