Qu’est-ce qu’une khâgne ?

  1. Le jargon
  2. L’objectif et les matières
  3. Les différentes khâgnes
  4. La khâgne, une formation difficile ?
  5. Choisir ta prépa
  6. Les concours 

 

Que tu sois un lycéen qui se demande s’il veut faire une khâgne, ou un jeune hypokhâgneux qui n’a pas encore tout compris à son cursus, tu as frappé à la bonne porte… Je vais essayer de te donner tous les grands éléments pour comprendre ce qu’est une prépa littéraire.

 

Le jargon

On appelle hypokhâgne la première année de CPGE littéraire, khâgne la deuxième (et généralement aussi l’ensemble de la prépa littéraire). La CPGE littéraire prépare à différents concours qui se déroulent à la fin de la khâgne, donc de la deuxième année. Les cours des prépas sont donnés dans des lycées et non à l’Université.

Si tu décide de faire une deuxième khâgne, soit une troisième année de prépa, tu es un khûbe. Si tu en fais une quatrième, tu es un bikhâ. Il est a priori impossible de faire une cinquième année (penta) puisqu’on ne peut passer le concours que trois fois.

La khâgne prépare à un concours qui a un volet écrit (principalement des commentaires, traductions et dissertations) et un volet oral. Les DS préparent à l’écrit, et les khôlles préparent à l’oral. Les khôlles sont des entraînements réguliers qui se préparent généralement en 1h ou 1h30 sans document, et se composent d’une prise de parole continue de 20 minutes, et de 10 minutes de questions face à ton professeur. Il y en a généralement trois par matière et par an, mais cela varie.

 

 

L’objectif et les matières

Comme je le disais et comme son nom l’indique, la prépa prépare l’élève à un concours. En prépa littéraire (A/L, B/L et LSH), on prépare prioritairement le concours de l’École Normale Supérieure (ENS, ou « Normal Sup’ »). Il existe aussi des khâgnes spécialisées dans la préparation à l’école des Chartes (ENC). En général, si tu veux présenter d’autres concours, tu devras les préparer en plus.

Le concours de l’ENS se prépare au travers de l’étude de matières variées :

  • La littérature (prioritairement française) ;
  • La philosophie ;
  • L’histoire ;
  • Une langue vivante (LV) ;
  • Une spécialisation.

Il y a également d’autres matières en fonction de la khâgne que tu choisis…

      L’ISMAPP

      Après avoir passé deux en prépa littéraire, elle présente l’école qu’elle a intégré sur concours : l’ISMAPP, ou Institut Supérieur du Management Politique et Public.

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      L’EHESS

      Emma, en master 1 d’études politiques à l’EHESS après trois ans de prépa littéraire au lycée Fénelon, te présente l’EHESS et les spécificités de cette école entièrement tournée vers la recherche.

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      Les différentes khâgnes

      Si tu fais une khâgne A/L classique, tu suivras la même hypokhâgne que les LSH, ou khâgnes modernes (si tu ne sais pas encore quoi choisir, va dans un lycée qui prépare les deux). La khâgne classique prépare le concours de l’ENS PSL ou d’Ulm, à Paris, et la khâgne moderne prépare le concours de l’ENS de Lyon. Les différences de formation entre ces deux khâgnes apparaissent en deuxième année.

      Il faut noter que le programme pour l’écrit est commun à ces deux khâgnes pour ce qui est de la philosophie, des lettres, de l’histoire, et de certaines spés. Le programme de l’écrit tombe en fin d’hypokhâgne, ce qui signifie que l’hypo est hors-programme.

       

      La khâgne classique, ou A/L stricto sensu

      • Tu dois, en plus des autres matières (c’est-à-dire celles détaillées dans la partie « l’objectif et les matières »), suivre un cours de latin ou de grec ;
      • Tous les coefficients sont les mêmes à l’écrit, et à l’oral seule la spé a un plus fort coeff (5 pour la spé, 3 pour les autres) ;
      • Tu passes toutes tes matières à l’écrit et à l’oral ;
      • L’oral a un plus fort coefficient que l’écrit ;
      • La plupart des épreuves de l’oral sont hors-programme ;
      • L’écrit et l’oral de LV sont de la littérature (traduction et commentaire d’un texte ultérieur à 1800 à l’écrit, commentaire d’un texte ultérieur à 1500 à l’oral).

       

      La khâgne moderne, ou LSH

      • Tu dois, en plus des autres matières (c’est-à-dire celles détaillées dans la partie « l’objectif et les matières »), suivre un cours de géographie, ainsi que des conférences de LSH (lettres et sciences humaines) en fin d’année ;
      • À l’écrit, les lettres et la spé sont coefficient 2 alors que les autres matières sont coeff 1 ;
      • À l’oral, tu ne passes « que » les lettres, ta spé, ta LV, et la LSH (une matière qui n’existe pas à l’écrit) ;
      • Tu passes la même épreuve d’écrit de LV que les A/L, mais l’oral porte sur la presse de ta langue étrangère étudiée ;
      • Les lettres et la LSH sont sur programme à l’oral, mais pas la presse et cela dépend pour la spé ;
      • Si tu es en spé anglais, tu peux préparer le concours de l’ENS de Saclay ;
      • Tu as un peu moins d’heures de cours que les classiques (ce qui ne signifie pas nécessairement que tu travailles moins).

       

      La B/L

      Il existe une autre khâgne, qui diffère des deux autres dès la première année : la khâgne B/L. C’est-à-dire que tu ne peux pas passer d’une hypokhâgne A/L à une khâgne B/L, et réciproquement. Dans cette khâgne, en plus du « tronc commun » détaillé dans le II, tu suis :

      • Des cours de mathématiques ;
      • Des cours de sciences sociales (sociologie et économie principalement).

      Tu peux donc te douter que les débouchés de la B/L sont un peu plus variés, même s’il y a souvent assez peu de places pour ces préparationnaires. En effet, les B/L peuvent entrer à l’ENSAI/ENSAE, pour ne donner qu’un exemple. Pour plus de détails, je t’invite à aller dans la rubrique Orientation.

      De plus :

      • Il n’y a pas de programme à l’écrit ni à l’oral, donc tu prépares le concours dès l’hypokhâgne ;
      • Tu prépares les deux ENS précédemment citées depuis la même khâgne, mais tu n’as accès qu’au département de sciences sociales à Lyon ;
      • Tu as également accès à l’ENS de Paris Saclay ;
      • Les cours de LV ne portent pas sur la littérature mais sur la civilisation.

       

      Il y a également des différences entre les spécialités proposées par ces trois prépas littéraires.

       

      La prépa Chartes

      Enfin, il existe la prépa Chartes, qui prépare à l’ENC. Elle est beaucoup plus tournée vers l’histoire et elle diffère beaucoup des trois khâgnes précédentes. Les cours suivis sont :

      • Histoire médiévale ;
      • Histoire moderne ;
      • Latin (version et thème) ;
      • Littérature/histoire littéraire ;
      • LV ;
      • LV2 ou grec.

      La prépa Chartes est proposée dans un nombre beaucoup plus restreint de lycées : il n’y a que douze places à pourvoir pour ces khâgneux-là à l’ENC. Mais les khâgneux des Chartes peuvent aussi préparer l’École du Louvres.

      On peut aussi accéder aux Chartes depuis l’A/L, par exemple, mais c’est alors à préparer de son côté, en plus.

      Nous ne pourrons pas vraiment traiter de la prépa Chartes sur le site en raison de notre manque de connaissances sur le sujet.

       

      La khâgne : une formation difficile ?

      Il serait idiot de nier que la prépa est difficile. La charge de travail peut vite devenir insurmontable, et la pression très forte, en particulier si tes profs ou ton administration sont très axés sur le concours.

      Si tu rentres en khâgne, tu risques d’être amené à renoncer provisoirement à tes autres centres d’intérêt. On ne préconise surtout pas de totalement abandonner ta vie sociale et tout le reste mais on ne va non plus mentir : une prépa dans laquelle on se donne à fond requiert des sacrifices.

      Tu peux bien sûr partir au milieu de ton hypo ou de ta khâgne et continuer en fac en cours d’année, mais il peut être difficile psychologiquement de franchir ce pas : il faut donc bien réfléchir avant de décider d’entrer en khâgne. En revanche, ne pars pas perdant : je n’aurais jamais cru être capable de bosser autant avant d’entrer en hypo, et tu pourras aussi t’étonner toi-même !

      D’un autre côté, la khâgne peut aussi être vécue très positivement malgré les moments difficiles : si les matières te passionnent, tu vas en ressortir extrêmement stimulé intellectuellement et la prépa a une intensité que l’on peut regretter en en sortant. De plus, tu vas sans doute rencontrer des gens passionnés et passionnants et te faire des amis très chers (on vit des choses fortes en prépa !)

       

      Choisir ta prépa

      Notre conseil, si sachant tout cela tu veux tout de même faire une prépa, c’est de bien choisir le lycée selon tes objectifs et ta manière de travailler.

      Si tu veux une formation solide et diverse sans viser l’ENS, tu pourras apprécier une prépa plus « petite », c’est-à-dire un peu moins connue et parfois moins pressurisante que d’autres (mais attention : certains « petites » prépas sont pressurisantes donc renseigne-toi !)

      Si tu veux l’ENS, mieux vaut, si possible, être dans une grande prépa (même si on peut parfois intégrer depuis les autres) : l’émulation est souvent plus forte dans les « grandes » khâgnes, et surtout, elles préparent à l’oral quand beaucoup de prépas ne le font pas. En revanche, je n’ai eu aucun regret après avoir évité Henri IV et Louis le Grand : j’ai préféré l’ambiance de Fénelon aux portes ouvertes et je m’y suis finalement beaucoup plu.

      Donc appelle des élèves, et si tu peux va aux portes ouvertes pour prendre un peu la température des différents lycées et ne pas choisir uniquement en fonction du classement. L’ambiance, la solidarité sont très importantes pour passer du bon temps, et donc aussi pour réussir.

       

      Le déroulement des concours

      En avril de ta deuxième année de prépa, tu te rendras aux concours de l’ENS. Ce sont des épreuves écrites qui font, sauf exception, 6h. Tu en passes généralement autour de six.

      Par la suite, tu devras préparer l’oral de l’ENS sans savoir si tu t’y rendras. En effet, vers le début du mois de juin, les résultats des écrits tombent. Tu peux être admissible (tu peux passer les oraux), sous-admissible (ce qui t’aide à obtenir une double-équivalence) ou ne pas obtenir un statut particulier. Si tu es sous-A ou que tu n’apparais sur aucune liste, tu ne passes pas les oraux et cela signifie que tu ne peux pas avoir l’ENS sur concours cette année-là. En revanche, si tu es admissible, tu devras passer plusieurs oraux dans les semaines qui suivent. Les oraux se terminent généralement vers le 28 juin (Ulm) ou 2 juillet (Lyon). Les résultats finaux (admis ou pas) tombent la semaine suivante).

       

       

      Que faire si je n’ai pas le concours ?

      La grande majorité des élèves de ces différentes khâgnes n’obtiennent aucune école à la fin de leurs prépas, contrairement aux scientifiques ou aux commerciaux. Mais ces deux années ne sont pas perdues : tu t’inscris en effet à la fac en parallèle des ta prépa, ce qui te permet d’obtenir une équivalence dans une voire deux matières (exemple : histoire et philosophie). Si tu abandonnes la prépa à la fin de l’hypokhâgne avec des résultats suffisants, tu iras en L2. Si tu n’as pas le concours à la fin de la khâgne et que tu ne souhaites pas khûber, tu iras en L3. Si tu khûbes et que tu n’obtiens pas d’école non plus à la fin de ta troisième année de prépa, tu pourras directement postuler à un master. En revanche, la bikhâ ne permet pas d’obtenir une équivalence en M1 et d’entrer en M2 : les équivalences ne sont données que pour les trois années de licence.

      Bref, si tu n’as pas d’école, tu arrives à l’Université sans avoir perdu de temps. En plus, la khâgne t’aura permis de continuer intensivement un grand nombre de matières et d’acquérir une bonne capacité de travail, ce qui peut t’aider à la fac !